Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

Night errait dans les ruines d'un ancien village ravagé par les flammes, le bruit de ses talons se réverbérant dans l'endroit, l'herbe parcourait les pierres écroulées, les poutres brûlées. Toute cette dévastation lui rappelait la vengeance des polymorphes sur les humains, ils avaient eu autant de pitié que les humains avaient fait preuve pendant cent cinquante ans, malgré que cette sombre époque avait pris fin il y a bien plus d'un millénaire, elle en gardait encore les stigmates et une haine profonde pour les humains.

Mais avec les siècles, elle avait changé, ses forces la quittaient petit à petit ainsi que son envie de sa battre, là où dans sa jeunesse, elle se battait pour un oui ou un, non maintenant ce n'était plus que quand elle ne pouvait pas fuir. Autrefois, elle aimait se battre et les humains l'avaient fait se battre, se battre jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus le faire, s'écroulant à terre comme le taureau face à l'homme dans l'arène. Maintenant elle avait assez de tout cela, elle voulait juste vivre.

La nuit était tombée depuis un long moment, s'avançant dans les ruines à la lueur de la lune qui était pleine ce soir, même dans la nuit noire, elle se repérait sans trop de mal, finissant au bout d'un long moment d’errance par prendre sa forme de dragon faisant face à l'astre lunaire, ouvrant largement ses ailes plongeant tout ce qui se trouvait derrière elle dans son ombre, comme si elle faisait disparaître tout cela derrière elle.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

Il régnait une certaine magie dans l'endroit, ou du moins, des résidus, sans doute les vestiges d'une ancienne bataille, probablement ce qui avait détruit la ville ou peut-être juste un simple incendie, au moins l'odeur des anciens cadavres avait disparu, elle le sentait facilement, au moins elle pourrait rester se reposer ici quelque temps, à l'abri des humains.

Du moins, cela aurait pu se passer comme ça si elle n'avait pas senti une présence, remarquant une présence fébrile, un humain sans doute sans toit cherchant un lieu où se reposer. Dans sa bonne grâce, elle aurait pu le laisser en paix.

Mais le curieux bipède n'eut pas la bonne réaction, il se laissait bêtement tomber dans un grand bruit, elle s'approchait lentement, étonnamment silencieuse pour une créature de cette taille, passant sa tête dans la porte d'entrée, se sentant soudainement l'humeur joueuse.

Au moins si elle avait perdu une compagnie, elle gagnait un repas gratuit, fraîchement livré, elle le cherchait un petit moment se guidant à l'odorat, finissant par le trouver sans trop de mal.


Il n'y avait rien de honteux à manger les humains, après tout ces derniers ne se privaient jamais de tuer des animaux, et ultime avantage des humains, il y en a de partout, c'est pire que la mauvais herbes qui repousse en une nuit.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

La polymorphe penchait instinctivement la tête sur le côté en observant le curieux bipède qui avait de curieuses réactions, commençant sérieusement à douter de l'état de l'humain. Plissant les yeux en l'observant mieux, affichant un air clairement méfiant puis finissait par gronder en reculant, essayant de me pas lui faire tomber un mur sur la tête, en prime.


Elle avait toujours eu tendance à sous-estimer les humains, pour ne pas dire qu'elle les considérait comme une espèce inférieure voir nuisible au moins autant que les rats et autres puces. Il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'elle le pense totalement atteint, et a plus juste titre après la chute impressionnante qu'il avait faite.

Night attendait patiemment dehors, ses yeux luisant dans la pénombre, histoire de voir si le bipède avait le courage de se confronter à la dragonne ou préférait se terrer dans les ruines, mais elle était très patiente, l'humain serait mort avant qu'elle ne lâche l'affaire, de soif ou de froid, au choix.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

La journée avait été difficile, presque douloureuse comme elle était bien loin de chez-elle, en temps normal, elle n'aurait eu aucune pitié pour le bipède le dévorant d'une traite sans aucune pitié, mais là, elle était fatiguée et n'avait pas spécialement envie de s'user dans une chasse surtout que le gibier semblait avoir attrapé quelque chose, certainement venant de cette contrée exotique. Ou alors il était juste fou et ça expliquerait bien des choses, notamment sa présence ici et sa malheureuse chute.


Elle s'adressait à lui avec une voix bien plus féminine que plus tôt, levant même les yeux au ciel d'un geste agacé, achevant ainsi son attitude un brin supérieure sans parler de la fierté de la polymorphe qui l'empêchait de s'attaquer à un ennemi déjà bien atteint.

Night finissait par se lasser de la présence de l'humain, faisant mine de s'éloigner tout simplement, elle n'avait plus rien à faire ici ayant déjà puisé toute la magie de l'endroit pour récupérer des forces.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

Pour l'heure, l'impératrice ne disait rien, ce contentant de tracer sa route, espérant que le gamin avait compris le message et qu'il en profitait pour fuir avant qu'elle ne change d'avis quant à sa survie. Mais, les humains étant pleins de surprises - mauvaises bien entendu - il se décidait de la suivre.

La polymorphe ne prêtait attention à aucun de ses manèges, à croire qu'il était en rut ! Se contentant de lever les yeux au ciel dans un geste de supplique. Par contre quand il commençait à tenter d'arriver près de sa tête comme un moustique, elle commençait à voir rouge.

Relâchant une aura noire d'ombres, rassemblant son allure, ouvrant ses ailes, elle se cabrait de toute sa hauteur, tentant de le frapper d'un geste de l'antérieur. ça serait son dernier avertissement.


Ces quelques mots furent dit sur un ton froid, supérieur, presque impérieux, faisant écho à la situation des humains de l'empire, qui n'avaient accès qu'aux basses tâches.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

La polymorphe levait les yeux au ciel, devant l'attitude si effronté de ce gamin, qui en plus était un simple humain, décidément il n'avait rien pour lui. Faiblard et curieux voilà deux défauts qui pourraient bien le conduire à sa propre perte !

Néanmoins, elle était fatiguée de batailler contre lui et les forces lui manquaient, décidant donc tout naturellement de reprendre forme humaine, bien emmitouflée dans sa cape faite entièrement de plumes blanches, c'était une surprise de deviner que derrière ce dragon si antipathique se cache une femme à l’apparence si fragile et si enfantine mais malgré tout au regard si triste et douloureux qui laissait transparaître son grand âge.


Sa forme humaine laissait transparaître son accent, doux et sucré, malgré le fait qu'elle butait sur quelques mots, la différence étant flagrante et elle parlait assez mal la langue commune ce qui ne l'empêchait pas d'être supérieure et atrocement froide.

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

Et voilà qu'à présent l'humain changeait radicalement de ton, c'était bien un homme pour le coup, comme quoi malgré les espèces certaines choses demeuraient inchangée. Ce n'était pas le premier et ça ne sera pas le dernier à changer brusquement de comportement en voyant sa forme humaine.

Le soucis étant qu'en plus de ne pas être dupe, c'était un humain, elle avait une colère pour tout ce qui y ressemblait de près ou de loin, et avec les siècles cette colère était devenue une profonde haine. pour faire simple tout les ennuis qu'elle avait eu dans dans sa vie était liés aux humains.


Puis elle se décidait de continuer sa route, elle n'avait plus rien à faire ici, il n'y avait pas une once de magie dans l'air et le bipède commençait largement à l'ennuyer, alors à défaut de le tuer pour être en paix, elle fuyait, plutôt lâchement en fait.

( Désolé par trop d'inspi. )

Je meurs chaque nuit pour ressusciter chaque matin.

L'Impératrice lâchait un long grognement en voyant que l'homme ne se décidait pas à la laisser en paix, il semblait tout particulièrement aimer le risque il semblerait. Elle avait tout le mal du monde à comprendre la logique humaine, là où chez les polymorphes elle n'avait qu'à gronder ou à plaquer les oreilles sur sa nuque pour qu'on la laisse tranquille, celui là ne semblait pas vraiment saisir le danger.

Inutile de rappeler à quel point elle haïssait cette espèce, elle les trouvait faibles, irrespectueux, destructeurs.. En bref, ils n'avaient rien pour plaire à la polymorphe. A présent elle pourrait rajouter " stupide " - " inutilement borné " - " suicidaire "..


Derrière sa voix su sucré et mélodieuse derrière laquelle se cachait son lourd accent polymorphe, on devinait une rancœur amère qui était devenue poison au fil des siècles.